Un litige foncier oppose une paroisse à une association de jeunes
Un litige foncier oppose la paroisse Saint Jean-Paul II de Linguère, dans le diocèse de Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, à des jeunes regroupés au sein d’une association. Ces derniers se dressent contre la volonté de l’Église de construire un mur de protection sur un terrain que les autorités lui ont pourtant octroyé.
Entre la paroisse Saint Jean-Paul II de Linguère, dans le diocèse de Saint-Louis (nord), et les jeunes regroupés au sein d’une association sportive, rien ne va plus. Les deux parties revendiquent, chacune de son côté, la paternité d’un titre foncier. L’association des jeunes du quartier Escale accuse l’Église catholique d’accaparer une partie d’espace qui lui sert de terrain de football pour ériger un mur de protection. Ces jeunes sportifs continuent de pratiquer leur sport favori sur ce site au point d’importuner les chrétiens lors des offices religieux.
Les autorités de la paroisse saint Jean-Paul II ont réfuté toutes les accusations de ces jeunes. Selon, elles, c’est l’ancienne équipe municipale qui a octroyé le terrain pour la construction d’une église, d’une école et d’un presbytère. Après la construction de ces bâtiments, il restait près de 25 mètres qui sont aujourd’hui l’objet du litige. Le curé, le père Barnabé Sané explique que les 25 mètres restants sont contigus à un autre espace que les jeunes utilisaient effectivement pour pratiquer le football.
« Un jour, ils sont venus demander aux chrétiens de leur permettre juste ledit jour de tirer un peu sur l’espace accordé à l’église pour élargir leur espace de jeu parce qu’ils avaient un match important à jouer. Les chrétiens leur ont accordé la permission. Et depuis lors, ils refusent de rendre l’espace prétextant que ce sont eux qui l’ont nettoyé », souligne encore le père Barnabé Sané.
Plainte
Fatigué du comportement des jeunes lors des offices religieux, le curé de la paroisse veut ériger un mur de protection. « Même en pleine messe, ils jouent au football. Le mercredi des cendres, le ballon est tombé dans l’église et un jeune est venu à la porte me faisant signe qu’il veut prendre le ballon. Mais, les fidèles l’ont confisqué jusqu’à la fin. Le lendemain encore, en pleine messe, cet incident s’est répété », précise le père Sané.
Frustrés, le curé et ses fidèles sont allés se plaindre auprès de l’autorité préfectorale. Ce dernier a pris un arrêté interdisant les jeunes d’y jouer jusqu’à nouvel ordre. Mais la décision n’a jamais été respectée. Même la gendarmerie envoyée pour rétablir l’ordre s’est heurtée à la détermination des jeunes qui ne voulaient rien entendre.
Médiation
Pour calmer les esprits, le préfet a organisé le 8 mars, une concertation réunissant des imams, des membres de l’Église catholique, les notables, les représentants du mouvement sportif et les services compétents pour « trouver une solution ». Après la rencontre, toutes les parties se sont rendues sur le terrain litigieux. Le préfet a proposé une ligne de démarcation pour délimiter le terrain des jeunes et le mur de l’église. Mais, les deux parties n’ont pas trouvé un point d’accord. Les jeunes, très déterminés, n’entendent pas lâcher prise. Ils ont même arboré des brassages rouges scandant « ne touche pas à mon terrain ».